Des années auparavant :
Je suis encore au fond de mon lit, aujourd’hui mon maître chasseur ne me verra pas, d’autres projets m’attirent bien d’avantage.
Les premiers rayons de soleil percent les branchages de l’arbre qui domine la jolie maison de mes parents et commencent à me chatouiller la joue.
J’ouvre les yeux et non ce ne sont pas les rayons du soleil. Certes il fait très beau et mon lit est inondé de la chaude lumière de l’astre divin.
C’est Minouh ! Il sautille partout, se frotte le museau sur mes joues pour que je sorte enfin du lit.
Si maman était là elle hurlerait :
- Minouh sort d’ici tour de suite !!! Eluyne, s’il me casse encore la moindre chose, tes corvées vont tellement se multiplier que tu ne quitteras plus cette maison avant tes 300 ans !!
Mais Minouh le savait il avait entendu mes parents très tôt se préparer pour partir en Ashenval.
C’est alors que je saute de mon lit, m’habille des plus rapidement et bondit hors de la maison sans prendre le temps de manger quoique ce soit.
- Minouh l’aventure nous attend, les parents sont partis et la journée est à nous.
Je prends ma besace, mon carquois et mes flèches et à nous la partie de chasse du siècle.
C’est dans la plus grande discrétion que nous nous éloignons de notre hameau.
- A nous le grand Ouest de Teldrassil !! (si j’avais su à l’époque l’étendue du vaste monde à côté de notre petite Isle de Teldrassil )
J’avance dans la forêt prenant soin d’éviter les fauves à dents de sabre rodant un peut partout. Non je n’en ai pas peur, mais j’aime ces animaux… Minouh en est la preuve. Et voir Minouh combattre ses anciens frères me fends le cœur.
Et oui on peut être rebelle, prétentieuse et avoir du cœur !!
Minouh et moi avons une autre cible, bien plus amusante, bien que tout aussi dangereuse : les araignées, ces bêtes énormes et velues au venin mortel. (Quand on a tout juste 86 ans c’est proies sont terrifiantes. Ah oui pour les humains, les Gnomes et les Nains qui pourraient être surpris de mon âge, rappelez vous que les Elfes ont leur façon propre de compter le temps qui passe… mais bon c’est une autre histoire !)
Dolanaar, nous y sommes presque encore un peu plus à l’ouest et nous serons sur notre terrain de chasse.
Hé hé la première, Minouh adore la chasse, il court, rugit… gémit mais est d’une aide précieuse.
La journée passe à une vitesse exceptionnelle, de victoire en petites plaies et de petites plaies en grosse frayeurs, cette journée est une réussite.
Et sans s’en apercevoir la nuit nous encercle déjà, la maison est loin et le froid commence à me transir.
Et avec la nuit arrive les regrets…. Que je m’empresse de garder pour moi, même Minouh ne doit pas savoir que j’ai peur. C’est fou comme les bruits de la nuit peuvent être inquiétants.
Je me blotti au pied d’un arbre et je commence à sombrer dans le sommeil.
Au fond de moi je me dis :
- Heureusement que Minouh est là sans quoi …. Puis les larmes silencieuses commencent à couler avant même d’avoir fini d’exprimer mes pensées.
Dès les premières lueurs du jour Minouh est au garde à vous, il veille sur moi et empêche quiconque d’approcher.
Je l’appelle, il arrive et ronronne joyeusement, pour une fois qu’il n’a pas dormi seul dehors il est aux anges… toutefois si les tigres ont des anges !
Un peu engourdie, je me lève et décide de revenir prudemment vers la maison, mes parents doivent rentrer ce soir, au moins ils ne se seront pas inquiétés de mon absence.
Pour plus de sécurité, j’emprunte la « grand’route » vers Dolanaar.
Mais soudain alors que j’approche du village la voix du crieur local, Yaril DEROUË, se fait entendre.
Les sons sont confus, la distance et la brise dans les arbres ne les aidant pas à me parvenir :
- Ashenval…… mass… brûl… désastre !!!
A ces deux mots m’étant parvenu clairement, je comprends, un chose terrible vient d’arriver en Ashenval.
Je cours, je prie et je pleure tout à la fois.
Minouh me suis, le pauvre ne comprend pas, mais il court, il me reste fidèle.
A bout de souffle j’arrive aux portes du village et là les gens sont tous dehors, je reconnais même des voisins de Brise-Stellaire.
Un silence se fait, l’ambiance est plombée et tous les yeux se tournent vers moi.
Aucun mot n’a été prononcé que le poids de la douleur m’écrase déjà… c’est sûr un malheur vient d’arriver.
J’avance traînant le pas et soulevant la poussière, fatiguée de ma nuit et le lourd fardeau de la vérité que je n’ai pas encore entendue sur les épaules.
Les gens s’écartent et là entre deux grands sages de Darnassus, se trouve un éclaireur d’Astranaar.
Les premiers mots sont prononcés :
- Eluyne ! Eluyne fille de Heraïlde Dayaha et de Hidrac Rohandil ?
- Oui. Je réponds timidement.
C’est à ce moment que la vérité m’accable et que j’apprends que mes parents sont tombés sous les coups de mercenaires de la Horde.
Je ne comprends pas tout.. La Horde ! je ne sais même pas ce que c’est ! je connais les Ents, les Ursa, les Rouges-furies… mais la Horde quelle est cette menace qui m’était jusqu’à présent étrangère.
La pression et l’émotion à son paroxysme je m’écroule sur le chemin, retenue dans ma chute par Minouh.
Le néant.
« Suis-je morte ? pourquoi fait-il si sombre ? »
« des bruits, des bruits autour de moi »
Je rouvre les yeux et je suis dans mon lit entouré de bien des gens qui souhaitent me réconforter.
Je hurle :
- Minouh ? où est-il ?
Il est à présent ma seule famille.
Les gens s’écartent et mon Félin, mon meilleur ami entre dans notre maison, il se couche à mes pieds. Je suis prête à affronter la suite.
Un Elfe dont je ne connais pas le nom me dit :
- Vous avez dormi trois nuits Eluyne Vertefeuille, un grand conseil doit se réunir aujourd’hui à votre sujet.
Et moi :
- un conseil mais pourquoi ? que va-t-il se passer ?
Il me rassure :
- Ne vous inquiétez pas douce enfant, je sais que votre destin est déjà tracé et que rien ne pourra vous arriver.
Retour à aujourd’hui :
Je me réveille souvent en sursaut sur ces derniers mots prononcés par celui dont je ne connaitrais jamais le nom.
Tout ce que je sais aujourd’hui c’est qu’il avait raison.
Après avoir été confiée à mon tuteur, mon mentor, après avoir rencontré celle qui est comme ma sœur Maël et après avoir pris beaucoup d’assurance en tant que chasseuse ; je sais qu’il avait raison.
Ce rêve est récurrent depuis quelques temps.
J’ai voulu montrer à mon doux Azunaï la maison où j’ai grandi et là qu’elle ne fut pas la désagréable surprise de trouver le village de Brise-Stellaire occupé par les Ursa Pin-tordus.
Ma colère fût terrible d’un coup d’épée, à droite, à gauche, je me mis à tuer chaque Ursa qui se dressait devant moi.
Azunaï réussi à me calmer et me raisonner.
Les nerfs à fleur de peau, je suivis Azunaï vers un autre chemin… celui de notre destin commun.